le voyage?

J’étais humaine et heureuse, jeune et pleine d’avenir comme on le dit souvent…
un peu vite…

C’est aux détours d’une rue et d’une nuit où je fêtais ma jeunesse que le vampire a surgit. LA vampire si j’en crois ce que mes sens altérés ont pu concevoir… mais c’est vrai que tout se passa très vite.
Ho ! j’ai bien essayé de m’enfuir, mais courir n’a jamais été mon fort, … surtout la chope en main… …

Elle a bu mon sang sans un mot… et je n’ai pas ressenti la sublime exaltation que depuis j’ai entendu certains décrire dans ces moments-là… juste une douce torpeur…
Enfin, elle a desserré son étreinte,… me croyait-elle morte ? ou sur le point d’y être ? mon sang empoisonné d’alcool lui avait-il obnubilé la conscience ?
Elle ne m’a pas proposé son sang… y aurais-je gouté ?
Sans un mot, elle s’est détournée de moi pour réintégrer l’Obscurité d’où elle était née…

J’en étais là de mon infortune lorsqu’une bête surgit… un loup famélique, sans gloire et sans honneur, un paria de sa propre race, qui suivait les vampires pour se nourrir des charognes humaines qu’ils laissent derrière eux…
Un chien…

Sa morsure réveilla mes sens engourdis et enfin je criais, me débattis de toute la force et de toute la rage qui restait en moi… ce qui attira l’attention de la rue sur nous….

La pathétique créature s’enfuit … et l’on me secourra…

…/…

Lorsque plus tard, je découvris ma stupéfiante métamorphose, je vécu longtemps solitaire, agressive, rageuse et violente…
Tapie dans les fourrés, je guettais et mordais tout ce qui passait à ma portée, pourvu que ca saigne, pourvu que ca bouge… J’étais enfoncée dans une spirale de carnage et de violence, le matin, je creusais un trou à même la terre, entre quelques épineux, j’y dormais par à coups, toujours sur le qui vive, prête à mordre, à me défendre pour ma vie et mes larmes… le soir venu, il me suffisait de le reboucher pour poursuivre mon chemin, à pas de loup, à pas feutrés, à pas tranquille du tout en fait …

…/…

Lorsqu’un jour je croisais une meute, son fondateur, un grand loup arrogant…vint à ma rencontre…
« Viens parmi les nôtres… »
« Oui…, non…, je ne sais pas…, ok d’accord… »
Il avait l’air un peu bizarre lui, puis moi j’étais toujours jusqu’au épaules dans mes buissons, avec juste la truffe et les oreilles qui dépassaient… je m’étais crue invisible, je devais pas avoir l’air maligne en fait…
« C’est ok alors, t’as plus qu’à signer. »
« J’arrive, j’arrive, promis… »
Je les sentais pas ces loups… ils n’avaient pas de tanière, pas d’esprit de meute, pas de vraie alliance… je me demandais ce qui les tenait ensemble…

Alors j’y ai pas été…

J’ai repris ma vie de solitude, mais quelque chose avait changé, le monde était plus dur dehors, les gens se regroupaient pour y faire face, et j’étais toujours toute seule, me prenais des claques et puis c'est dur de creuser le sol gelé… j'ai finit par dormir dans des creux dans la neige... rien que d'un oeil, pas par peur cette fois mais par froid...

…/…

Enfin, un jour, alors que je persistais dans mon errance, j’aperçus un loup énorme assis devant ce qui semblait bien être une tanière, une vraie, en dur avec des briques et tout, avec même, si on y pense, la place pour planter quelques fleurs devant…

Je m’approchais bien en vue, un peu craintive mais décidée, pour aborder ce gigantesque membre de ma race. Il avait l’air calme, fort et fier, il m’a regardé approcher avec un mince sourire…

A deux mètres, j’ai inspiré un grand coup et rouge d’angoisse je me suis lancée…
" Bonjour je m’appelle schelumiel, je suis une jeune louve qui cherche une meute et une tanière pour ne plus vivre seule, ne plus avoir froid tout le temps et être mouillée, je me bat avec rage et je suis prête à apprendre…"
… le sourire, affectueux, protecteur, s’élargit…
« Bonjour, moi je suis Madinaz, entre petite louve, viens te réchauffer … »

Je me souviens que, toujours un peu effrayée, je me suis assise près du feu en regardant tous ces grands loups,… L’archange si calme, Aeliana (avant qu’elle ne rencontre le dragon magique qui l’a fait rapetisser mais c’est une autre histoire), Konrad, Tiwa, Darkie, tous ces guerriers, parfois blessés, souvent vainqueurs, un peu fourbus de leur nuit sanglante, qui se retrouvaient autour d’un feu et que quelques bières parfumées…
Je me souviens qu’en les regardant tous, les uns après les autres, je me suis dit que j’avais enfin trouvé une famille où grandir…